Depuis plus d’un millénaire, notre commune a participé à la renommée et au rayonnement du Creillois et du Clermontois. Le Château de la Maison de Villers a été durant six siècles un lieu central de la vie des Villersois.
Les recherches entreprises par les historiens permettent d’affirmer que les premiers seigneurs de Villers étaient, avant l’an mil, des écuyers au service des comtes de Creil, de Clermont ou de Senlis.
La Seigneurie de Mortefontaine
Les noms des seigneurs villersois sont connus depuis le XIe siècle. Ce serait à cette époque qu’Hugues (ou Eudes) de Villers aurait participé à la Première Croisade (1096-1099), accompagnant Guibert de Nogent, Renaud de Creil et Baudouin, Seigneur de Clermont.
En remerciements, cet écuyer va être fait chevalier et pourra désormais se prévaloir du titre de Seigneur de Villers. La Maison de Villers est née. Un château fort sera construit vers 1100. Mortefontaine, cité dès 1314, devient le chef-lieu de la Seigneurie.
La Maison de Villers va petit à petit s’agrandir et finira par posséder un grand nombre de terres, à la suite d’acquisitions, d’héritages de dons ou d’alliances : Mortefontaine, Villers-Saint-Paul, Verderonne, une partie de Liancourt, Rieux, Angicourt, Les Granges de Nogent-les-Vierges(1), l’actuelle zone de Vaux de Creil, des biens en forêt d’Halatte et même des maisons à Senlis.
Un manoir fortifié
A l’origine, le château médiéval de Mortefontaine se situait approximativement dans l’actuel parc de la Brèche. D’une taille assez modeste, il a été le fief principal de la Seigneurie de Villers-Saint-Paul durant plus de six siècles. Emile Lambert dans son livre « Un peu de temps passé… Villers-Saint-Paul» le qualifie de manoir fortifié.
Au Moyen âge, les châteaux forts étaient souvent édifiés en hauteur afin de dominer le paysage, mais dans notre région ces constructions étaient souvent destinées à défendre le passage d’un cours d’eau.
En dehors des places fortes de la région comme Creil, Pont-Sainte-Maxence ou Verberie, destinées à la défense militaire, beaucoup de paroisses possédaient un manoir plus ou moins fortifié, où les habitants pouvaient se réfugier et résister en cas d’attaque ennemie.
Dans la continuité des forts Romains, les premiers châteaux forts du Xe au XIe siècle étaient généralement en bois ou en une combinaison de bois et de pierres. Le matériel utilisé dépendait aussi des ressources naturelles aux alentours du lieu de construction. Le château villersois a pu être, dans un premier temps, en bois, puis être amélioré avec une structure en pierres.
La description du Château reste assez sommaire, elle figure aux archives du comité d’archéologie de Senlis, comme suit : « …la terre et Seigneurie de Mortefontaine en la paroisse de Villers, consistant : en un lieu et château seigneurial entouré d’eau et fossés revêtus de pierre, basse-cour, corps d’hôtel, grange, colombier, chapelle et autres bâtiments, jardins, parc clos de murs dans lequel passe la rivière Brèche ».
D’après cet écrit la Seigneurie de Mortefontaine était donc constituée d’un ensemble de bâtiments et d’un château seigneurial entourés d’eau et de fossés. Elle devait posséder également un mur d’enceinte, peut-être deux.
Le château, indépendant des autres bâtiments, comme dans la majorité des constructions de l’époque, devait se trouver au centre. L’eau entourait l’ensemble du domaine avec un pont pour accès unique. Les fossés revêtus de pierres étaient à l’époque une marque de richesse.
Le château (logis) seigneurial surplombait une seconde cour, plus basse, appelée basse-cour dans laquelle on pouvait trouver divers ouvrages : un bâtiment capable de recevoir les hôtes appelé corps d’hôtel, une grange pour les chevaux et attelages. A cela, s’ajoutait le colombier (pigeonnier), une chapelle, lieu incontournable à cette époque et d’autres bâtiments : une auberge, un maréchal-ferrant, un logis pour les soldats et les domestiques, et quelques masures pour les serfs.
Le domaine, traversé par la rivière Brèche, accueillait d’autres éléments : un parc, des jardins, un moulin… La description de ce château correspond au château « type » de l’époque.
Vers un autre château
Les Seigneurs qui se succéderont connaîtront des fortunes diverses. La Maison de Villers s’éteint en 1612 à la mort de Jeanne de Villers(2). Par la suite, plusieurs personnalités du royaume achèteront le domaine. Vers 1770, les temps ayant changé, les moyens de défense ne sont plus nécessaires et l’ancienne construction n’a plus sa raison d’être. Les châteaux deviennent « d’agrément ». Un nouvel édifice voit le jour grâce à Hardy du Plessis, le Seigneur du domaine de l’époque.
Les deux bâtisses vont se côtoyer durant pratiquement un siècle. Vers 1830, le Maréchal Gérard décidera d’aménager le parc et fera raser l’ancien manoir. Le château médiéval n’est plus qu’un souvenir.
De nos jours, il ne reste rien de cette construction.
Texte paru dans le Bulletin municipal n° 78 de Janvier 2016.
